La cause, NATURELLE, s’appelle le fer issu de certaines eaux souterraines et notre région n’en manque pas, la faute à sa géologie.

En France, le phénomène est courant avec des concentrations qui s'étendent entre 0 à 0,5 mg/litre en France. L'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) recommande un niveau de fer inférieur à 0.3 mg/litre alors que la directive Européenne (98/83/CE du 3 novembre 1998) retranscrite dans le droit Français (décret 2001-1220 du 10 décembre 2001*) et le code de santé publique ont fixé un plafond à 0,2 mg/litre. Le fer se trouve naturellement dans la couche aquifère mais les concentrations dans les eaux souterraines peuvent augmenter du fait de l'activité des hommes et surtout lors des pics d’exploitation. Ainsi, actuellement, nous puisons plus d’eau que la NATURE ne le permet, phénomène aggravé en simultané par une troisième année de sécheresse dans la région ! Les eaux souterraines fortement chargées en fer donnent  souvent une coloration orange lors des étapes d’extraction et de transport par canalisations. Outre cette coloration, un goût désagréable qualifié de « métallique » est perçu lors de sa consommation voire dans la préparation de la nourriture. Certains gisements sont plus riches en fer que d’autres. Ainsi, l’eau puisée sur le site de Pecquencourt (Douaisis) et qui alimente la partie sud de la MEL (Hellemmes, …) est très riche en fer. Les producteurs d’eau en bouteille (source CRISTALLINE de Pérenchies par exemple) procèdent de leur côté à une opération de filtration nommée déferrisation (mentionnée sur l’emballage) afin d'en extraire les excédents.  L’eau ainsi filtée est classée comme « eau de source ».

Le fer dissous dans les eaux souterraines*** se trouve sous la forme réduite du fer II (chlorure de fer). Celle-ci est soluble. Le phénomène  ne pose aucun problème. Le fer II peut s’oxyder en fer III par contact avec l'oxygène de l'air et/ou par effet lié à la température et/ou par l’action de certaines bactéries (ferrobactéries). Le fer III est précipité ensuite sous forme d'hydroxydes insolubles dans l'eau. Ils sont de couleur rouge rouille et peuvent causer certaines souillures (sur le linge ou les sanitaires), le colmatage progressif des canalisations avec réduction du débit, la saturation (plus ou moins rapide) des filtres anti-boues installés en amont des adoucisseurs d’eau, etc. Lorsque les dépôts des hydroxydes de fer se produisent sous l’effet des bactéries (ferrobactéries), ils s’agglomèrent sous forme de boue rouillée collante. Lors des opérations de contrôle (par purge) menées périodiquement par les pompiers via l’ouverture des bornes d’incendie, on peut apercevoir le phénomène (peu ragoûtant) pendant quelques instants.

Rappelons également sur le plan MEDICAL que le fer est absolument nécessaire sinon l’anémie vous guette ! Il est même l’un des principaux constituants de l’hémoglobine d’où l’odeur caractéristique du sang (celui du fer). En  plus de lui apporter la couleur rouge (comme le sang), il permet surtout le transport de l’oxygène aux cellules. Certains aliments en sont très riches comme la viande et le boudin rouge, les coquillages, les légumineuses (lentilles, haricots secs, pois chiches), les poissons gras (sardine, maquereau et saumon) fruits à coque (amandes et noisettes), certaines céréales (avoine principalement) et certains légumes verts (brocolis et choux). Bref et malgré une odeur (très caractéristique) « l’eau ferrugineuse »* ne constitue pas le signe d’une dégradation de sa qualité même si elle interpelle les consommateurs et la forme visible (car non soluble) des hydroxydes de fer ne permet pas à notre organismede les absorber⁽¹⁾. 

Néanmoins, la communauté scientifique est partagée sur les limites à ne pas dépasser et les toutes prochaines années pourraient voir apparaitre une élévation des taux sous l’effet de l’intensification de son usage liée aux sécheresses à répétition et à une augmentation de la population sur le périmètre de la MEL.

Concernant les gisements d’eau riche en fer, la seule solution (à moyen terme soit environ 5 ans) consistera à doter les actuelles unités de traitement d’un système de déférrisation afin de limiter les teneurs en fer. Outre un renforcement de la périodicité des purges dans les zones sensibles, la réponse à apporter (à court terme) aux habitants confrontés aux phénomènes « d’eaux rousses » consistera à renforcer le maillage des canalisations afin d’optimiser le mélange des eaux aux origines multiples. C’est ce qui pourrait être fait en certains secteurs à la faveur de travaux de renouvellement programmés.

L’information des consommateurs EN AMONT des phénomènes s’impose également conformément à l’article 1.1 du règlement du service public de l’eau.

https://www.mel-ileo.fr/medias/pdf/reglement-service.pdf

La pose (temporaire) de capteurs de turbidité dans les secteurs exposés devrait permettre la mesure du phénomène afin d’améliorer la communication auprès des consommateurs. Vous comprendrez un peu plus pourquoi l’eau du robinet a un coût (mais qui doit être LIMPIDE pour les consommateurs !) avec des enjeux sanitaires  à venir pesant de plus en plus sur ce précieux liquide. Il ne vous reste plus qu’à lui apporter un autre regard en le respectant (encore plus) que ce soit sous la forme qualitative ou quantitative.

Un candidat (malheureux) à la Présidentielle de 1974 avait symboliquement montré un verre d’eau aux Français médusés devant le petit écran. C’était il y a 45 ans et force est de reconnaitre que son seul « tort » était celui … d’avoir eu raison bien avant l’actuel sursaut !

BC Commission environnement      

Vous pouvez obtenir toutes les informations réactualisées sur la qualité de l’eau servie dans votre commune en vous rendant sur le site du Ministère des solidarités et de la santé : https://solidarites-sante.gouv.fr/sante-et-environnement/eaux/eau

* comédie de BOURVIL en 1959 intitulée « L’eau ferrugineuse »

** https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000000215649&categorieLien=id

*** https://www.lenntech.fr/a-propos-de/a-propos-de.htm

⁽¹⁾ Merci à l'un de nos adhérents, Jean-Louis Deaury, professionnel de santé, Professeur en Hématologie) pour le rappel.