Urgences hospitalières: vers un accueil sélectif…
14/11/2018
On ne compte plus les initiatives prises pour désengorger les Urgences hospitalières. La dernière en date ne manque pas d’originalité car elle vise, non pas à leur donner plus de moyens, mais à dissuader les patients de s’y présenter…
Elle crée un nouveau concept : le « forfait de réorientation » que devraient percevoir les services d’urgence en renvoyant les malades et blessés « légers » qui s’y rendent directement vers leurs médecins de ville ou en consultation externe à l’hôpital le plus proche...
Ce « forfait de réorientation » (compris entre 20 et 60 €) vient d’être introduit, à titre expérimental, dans le projet de loi de financement de la Sécurité Sociale pour 2019.
Les services d’urgence se verront donc chargés d’un « tri » des patients qui s’y présenteront : les vraies urgences qu’on soigne, d’un côté ; les fausses urgences qu’on renvoie, de l’autre.
A la notion d’urgence éprouvée par le patient qui a besoin de soins, on rajoute celle de gravité avant de le prendre en charge !
C’est oublier un peu vite que les usagers qui se présentent aux Urgences le font, le plus souvent, par nécessité :
- difficultés pour trouver un médecin (déserts médicaux),
- impossibilité d’obtention rapide d’un rendez-vous,
- indisponibilité des spécialistes,
- saturation des cabinets d’imagerie, etc...
Ainsi, les Urgences seraient-elles rémunérées pour renvoyer certains patients à leurs maux, en attendant des jours meilleurs !
Il existe pourtant une solution de remplacement.
Depuis, quelques années, on constate une raréfaction de la réponse médicale aux demandes de soins non programmées et les Urgences pallient ces manquements.
Comme cela a été fait pour la permanence des soins libérale de nuit ou les week-ends et jours fériés, il faut qu’une permanence des soins « de recours » soit assurée également la journée pour désengorger les Urgences hospitalières.
Les Maisons Médicales de Garde (MMG) ont vocation à y participer, encore faudrait-il qu’elles soient accessibles en continu et que le public en soit informé !
R. HOUZÉ
et la Commission « santé ».