L’initiative était pourtant bonne. À l’origine, en 2004, le dispositif devait à terme concerner tous les Français et regrouper dans un document informatisé accessible à toutes les professions sanitaires, du médecin traitant à l’hôpital, toutes les informations nécessaires au suivi du patient: antécédents médicaux, examens, traitements, comptes rendus de consultation et de soins hospitaliers… L’objectif était d’éviter doublons et actes inutiles, afin d’harmoniser le parcours de soins et, ainsi, de mieux maîtriser les dépenses de santé, soit jusqu’à 7milliards d’euros d’économies escomptées par an. Expérimenté en 2006, le DMP végète, en raison notamment de l’attachement des patients à la protection de leur vie privée. Il a été relancé en 2008, mais ce n’est que depuis janvier 2011 que les Français peuvent demander sa création. Et ils restent libres d’y faire figurer ce qu’ils veulent, ce qui rend souvent le DMP inopérant, car trop incomplet et, au final, fort peu utilisé par les professionnels. D’où le retard actuel. Ce gâchis coûte cher. Dans un document interne révélé par Le Parisien du 4janvier, le Conseil national de la qualité et de la coordination des soins estime que «500millions d’euros ont été versés depuis 2004» pour financer le DMP. Des fonds provenant essentiellement de l’assurance maladie. Déjà, en février 2013, la Cour des comptes avait pointé du doigt ce système complexe, chiffrant à 210 millions d’euros la facture du DMP entre 2004 et 2011, et vraisemblablement le double, tant les dérives financières dans sa généralisation abondaient. La ministre de la Santé, Marisol Touraine, veut «revoir la gouvernance du projet ». Il serait en effet temps de mettre fin à cette gabegie...