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Substances chimiques, l'Europe peine à faire le ménage !

28/11/2018

Un article « zone rouge » de la revue Que Choisir de décembre 2018 fait le constat qu'en ce qui concerne les Substances chimiques, l'Europe peine à faire le ménage...

En effet depuis juin 2007 est entré en vigueur le règlement européen REACH portant sur l'enregistrement, l'évaluation et l'autorisation des substances chimiques, ainsi que les restrictions applicables à ces substances. L'objectif de ce règlement est de protéger la santé humaine et l'environnement contre les risques liés aux substances chimiques, tout en favorisant la compétitivité de l'industrie chimique de l'Union européenne.

« Des objectifs inconciliables ! » comme le déclare l'auteure de l'article.

Mais surtout, si REACH est « un progrès incontestable », « des failles béantes apparaissent dans le système » car comme le remarque l'agence européenne gestionnaire de l'évaluation « la plupart des dossiers sont incomplets » !

C'est que l'évaluation prescrite par le règlement repose en grande partie sur la qualité des données fournies par les entreprises. En conséquence si les industriels doivent apporter par leurs études la preuve d'innocuité, «  les pouvoirs publics leur ont apporté sur un plateau la possibilité du biais, de la manipulation et du mensonge »*.Les contraintes économiques et le jeu de la concurrence rendent ces agissements très logiques et prévisibles.

Force est de constater que la compétitivité et l'innovation (qui n'est pas synonyme de progrès!) consistent bien à encourager une « stratégie commerciale du monde des affaires régi par le secret et  la dissimulation »*.

Ce transfert des études vers l'industrie est une capture de la science au détriment de la science académique. L’État se désengage  progressivement de la recherche publique au profit du secteur industriel qui bénéficie en outre du crédit d'impôt recherche, abondé par nos impôts et taxes....

Le test Q C sur le droit à l'information des consommateurs « prouve que les professionnels se moquent des obligations que leur impose REACH !».

Il serait intéressant à la suite de cet article de comprendre comment « les responsables de firmes mènent ainsi une entreprise de destruction de la connaissance et de l'intelligence collective, instrumentalisant la science, créant des conflits d'intérêts, entretenant le doute, disséminant leur propagande »*

De multiples exemples notamment depuis l'amiante jusqu'au glyphosate (classé cancérogène probable pour l'Homme par le Centre international de recherche sur le cancer) en passant par les perturbateurs endocriniens permettent de cerner les stratégies pernicieuses mises en œuvre pour obtenir les autorisations et les prix.

Les dépenses en stratégies marketing et promotion dépassent souvent largement les dépenses de recherche et développement (R&D)  et le coût de fabrication. Le PDG de Pfizer n'aurait il pas déclaré « c'est une illusion de laisser croire que notre industrie, ou toute autre industrie, fixe le prix d'un produit de manière à recouvrer les dépenses de R&D »** .

Mais le grand paradoxe est que « les décideurs s'adressent de préférence aux représentants des intérêts qu'ils prétendent vouloir réguler »*, permettant ainsi au complexe industriel et commercial une capture de la réglementation.

En attendant l'utopie de faire financer les études de toxicologie par une taxe prélevée sur l'industrie, puis réalisées par des laboratoires indépendants sous contrôle des pouvoir publics, nous sommes condamnés, à notre insu, à être les sujets d'expérimentation de milliers de substances chimiques ; ceci alors que le coût des  désastres sanitaires est externalisé vers les systèmes de protection sociale et que l'industrie pharmaceutique bénéficie de prix insoutenables, menaçant l'accès aux soins.

JPP Commission Santé

 *stéphane Horel dans LOBBYTOMIE, comment les lobbies empoisonnent nos vies et la démocratie (éd. La Découverte, 2018)

 **cité par Marc-André Gagnon, université de Carleton,  débat Prescrire 01/02/2015

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