Neuroleptiques : Des prescriptions préoccupantes…
14/03/2017
Médicaments aux effets puissants, les neuroleptiques sont de plus en plus prescrits. S’ils rendent de grands services dans certains troubles psychiatriques, leur prescription qui se banalise, parfois sans autorisation, est problématique. Si vous prenez un de ces médicaments et souhaitez cerner leur intérêt et leurs risques, nous recommandons une brochure intitulée « Prendre un médicament neuroleptique ».
Une « banalisation préoccupante », un « problème de santé publique ». C’est en ces termes que les chercheurs de l’Inserm/Université de Bordeaux (1) jugent la prescription actuelle, et de plus en plus importante, de neuroleptiques, connus aussi sous le nom d’antipsychotiques. Ils s’appellent Abilify (aripiprazole), Leponex (clozapine), Risperdal (risperidone), Solian (amisulpride), Zyprexa (olanzapine), etc. Initialement réservés aux pathologies psychiatriques les plus graves (schizophrénie, paranoïa), ces médicaments sont de plus en plus prescrits, dans leur champ d’autorisation mais aussi en dehors – hors autorisation de mise sur le marché (AMM). C’est le cas par exemple chez des enfants atteints d’autisme. À telle enseigne que l’Agence du médicament (ANSM) s’est fendue d’une « Mise en garde sur l’utilisation hors AMM de l’aripiprazole » en mars 2016. Envoyé aux professionnels de santé, le document rappelle que ni la sécurité ni l’efficacité de cette molécule n’est établie dans les troubles autistiques chez les moins de 18 ans. Chez les adultes également, ces médicaments sont abusivement prescrits pour des troubles anxieux, des troubles de l’humeur. Ils sont également administrés sans raison chez des personnes atteintes de démences. Ces prises sont d’autant plus injustifiées que ces neuroleptiques entraînent des effets indésirables importants (2) : prise de poids, diabète, accroissement des accidents cardiovasculaires.
"Prendre un médicament neuroleptique".
Leur mésusage ne doit pas occulter leur intérêt. Quand ils sont justifiés, les neuroleptiques sont très utiles. « Ils ont changé radicalement le traitement des troubles psychotiques », souligne en préambule la plaquette d’information écrite par le Psycom (organisme public d’information en santé mentale) et par l’association Prescrire (qui édite la revue du même nom), disponible en téléchargement ci-dessous. Ce document écrit dans un langage compréhensible, très pratique, est destiné aux patients, à leurs proches et constitue aussi un outil pour les soignants. Il explique bien que les différents neuroleptiques existants sont d’efficacité comparable mais que leur profil d’effets indésirables est différent. Ce sont donc surtout ces derniers qui guident le choix d’un traitement. Ces effets secondaires sont détaillés, expliqués et assortis de conseils pour en limiter l’impact. Le document rappelle l’une des règles de base pour les minimiser : prendre « la dose minimum efficace »
Perrine Vennetier / Que Choisir