Médicament... Un nom difficile à porter !
04/01/2016
L’utilisation de la Dénomination Commune Internationale (DCI), dont les règles de la prescription ont été établies dès 2004, est obligatoire depuis le 1er janvier 2015. Cette obligation a été confirmée le 14 novembre 2014 par la publication d’un décret (décret n° 204-1359). La DCI d’un médicament correspond au nom de la substance active qui le compose : c’est le nom scientifique du produit. Une même substance active peut être présente dans des dizaines de médicaments de noms différents (exemple pour le paracétamol : Dafalgan, Efferalgan, Geluprane…).
Déjà applicable depuis 2009 pour les médicaments génériques, l’obligation de prescription en DCI s’impose à tout professionnel de santé prescripteur (médecin, chirurgien dentiste, sage-femme) en tout lieu d’exercice (ville, hôpital, établissements médico-sociaux). Cette formule de prescription limite les risques de confusion entre plusieurs substances, facilite le repérage des doublons et cumuls de doses et offre au patient, lorsqu’il se trouve en voyage à l’étranger, la possibilité de bénéficier de son traitement sans risque d’erreur. Au niveau des praticiens concernés, l’utilisation d’un logiciel d’aide à la prescription (LAP) certifié s’avère très utile.
Une phase de transition est néanmoins nécessaire pour permettre aux prescripteurs, d’une part de s’adapter et de s’équiper des outils informatiques appropriés et, d’autre part, d’expliquer aux patients les changements intervenus dans la rédaction des ordonnances. La loi de décembre 2011 et le décret consécutif à cette loi du 14 novembre 2014 n’ont pas prévu de sanctions spécifiques en cas de non respect de cette obligation.
La loi ne prévoit pas d’exception à l’obligation de prescrire en DCI. Cependant, il existe une liste d’exclusion diffusée par la Haute Autorité de Santé (HAS) :
- Les spécialités comportant plus de 3 principes actifs
- Les médicaments dont le résumé des caractéristiques de produit (RCP) mentionne une difficulté en cas de prescriptions en DCI
- Les produits radio-pharmaceutiques
- Les médicaments homéopathiques
- Les médicaments de phytothérapie
- Les produits d’origine biologique (insuline injectable, hormones de croissance)
- Les spécialités comportant des unités de prescription de composition différente (exemple : pilules contraceptives comme TRINORDIOL)
Au vu d’une prescription en DCI, le pharmacien dispense la spécialité pharmaceutique qui répond le mieux aux besoins du patient. Le prescripteur a toutefois la possibilité d’adjoindre un nom de marque à la DCI, qu’il s’agisse de princeps ou d’un médicament générique. Le pharmacien conserve son droit de substitution lorsque la spécialité prescrite est « génériquée ».
L’UFC QUE CHOISIR de LILLE, comme 88 autres Associations, a participé à une étude portant sur la rédaction des ordonnances. Le recueil des ordonnances anonymisées a été réalisé du 20 mai au 29 juin 2015 : ordonnances sur lesquelles ont été masquées les coordonnées du patient et du praticien pour ne laisser apparaître que le code postal du cabinet médical, la spécialité du praticien, ainsi que la date de prescription.
- 815 ordonnances provenant de 72 départements de la France Métropolitaine ont été exploitées :
- 597 (73%) ont été rédigées par des médecins généralistes
- 218 (27%) l’ont été par des médecins spécialistes (ophtalmologistes, cardiologues, rhumatologues)
- 70 % des ordonnances reçues et analysées étaient imprimées et 30% étant manuscrites.
Sur les 815 ordonnances analysées, il a été dénombré 3087 lignes de prescription, soit une moyenne de 4 lignes par ordonnance. Au Maximum, les ordonnances comportaient 18 lignes de prescriptions.
Au final, ce sont 2729 lignes de prescriptions (pour 791 ordonnances) qui ont été retenues pour la poursuite de l’étude. 358 lignes ont été écartées (médicaments repris dans les exclusions, dispositif médical, compléments alimentaires ou prescriptions indéchiffrables).
Sur les 2729 lignes analysées, 1994 (73%) le sont sous leur nom de marque, 358 (13%) le sont en DCI, et 377 (14%) le sont en DCI associée du nom de marque. 735 prescriptions, soit 27% des prescriptions, font référence à la DCI.
Au niveau des ordonnances, 371 sur les 791 sont intégralement rédigées en nom de marque. 19 % contiennent moins de 50% de médicaments prescrits rédigés en DCI, 14% comportent plus de la moitié des médicaments rédigés en DCI. Au final, seules 20% des ordonnances sont intégralement rédigées en DCI.
Dans l’échantillon retenu, il s’avère que les médecins généralistes sont plutôt meilleurs élèves que les spécialistes (30% de prescriptions en DCI pour les premiers, 15% pour les spécialistes).
Un classement par région fait ressortir de piètres résultats pour notre région (19 % en DCI) en regard du bassin Parisien Est (36 %), la moyenne nationale étant de 27 %.
A souligner que sur l’ensemble des lignes de prescriptions analysées, 94 médicaments comportaient la mention « non substituable » (soit 3 % des médicaments prescrits).
F.M. pour La commission santé