L’assurance dépendance ou le miroir aux alouettes...
29/05/2012
Le désarroi d’une personne âgée voyant apparaître des signes de dépendance et s’étant vue refuser par son assureur l’octroi d’une rente nous a interpellés.
Alors qu’elle cotisait depuis huit ans pour garantir le risque de dépendance nous avons relu son contrat pour lui expliquer les motifs de ce refus.
La dépendance se caractérise comme le besoin d’aide des personnes de 60 ans et plus pour la réalisation des activités de la vie quotidienne et sociale ; la perte d’autonomie est un terme mieux adapté pour définir le besoin d’aide aux personnes âgées.
L’aide de la collectivité est loin de couvrir l’ensemble des besoins financiers en la matière et ce problème préoccupera la population vieillissante tant que le législateur se dérobera à cette responsabilité sociale. Pendant ce temps, assureurs, mutuelles, institutions de prévoyance continueront de rivaliser avec des contrats complexes qui manquent de transparence et des messages de ce genre : « nous nous engageons à vous accompagner pour préserver votre autonomie tout au long de votre vie ».
Or dans la « vraie vie » la rente financière ne peut être octroyée (et souvent par des sommes dérisoires par rapport au coût réel de la dépendance) que lorsque la perte d’autonomie physique et psychique confinent les personnes âgées au lit ou au fauteuil. Des grilles (dont la grille AGGIR qui sert à l’attribution de l’allocation personnalisée d’autonomie (APA) apprécient la situation de la personne par rapport aux actes essentiels de la vie courante. Il s’agit sur le plan physique de la difficulté, voire de l’incapacité, à réaliser seul la possibilité de se lever, s’habiller, se nourrir, aller aux toilettes, se déplacer dans son domicile ; sur le plan psychique il s’agit de problèmes de désorientation et d’incohérence. Si l’on ajoute que souvent plusieurs critères doivent être réunis pour bénéficier d’une rente, il faut comprendre, en relisant le contrat, que cette rente souvent insuffisante ne pourra être espérée que lorsque la perte d’autonomie sera majeure.
Alors que « l’harmonisation des conditions de déclenchement des garanties » est restée un vœu pieu, nous sommes bien loin d’un cinquième risque comme nouvelle branche de l’assurance maladie. Ce manque de solidarité nationale désespère les personnes âgées et leurs familles. Faut-il rappeler que beaucoup d’aidants disparaissent avant leurs ainés ? Les assureurs se portent bien !
JPP pour la Commission Santé