Du haut de son perchoir, le procureur Florian Pappo fait grise mine. Le président Jean-Marc Defossez le rejoint. Ylan A., considéré comme le responsable de l’entreprise AMIL Services, est absent. « Si je comprends bien, son avocat parisien l’a lâché… hier », résume le représentant du parquet. « Je viens d’être saisi, annonce Aurélien Boudeweel, défenseur lillois. J’ignore tout du dossier. » Les magistrats tiquent, flairant une manœuvre. « Nous n’avons pas le choix », soupire le président. Le dossier sera examiné le 9 juillet. Dans la salle, quelques soupirs. Près de 35 personnes ont saisi la justice contre AMIL services, soupçonnée de différents abus (faiblesse, ignorance, paiement sans contrepartie réelle etc.).

Le serrurier défonce la porte à coups de pied !

Javier habite dans le centre de Lille. « En février 2018, ma clef est restée à l’intérieur de la maison, se souvient le mécontent, facture à 1120 € au poing. J’ai appelé et demandé combien coûterait la prestation. On m’a répondu que ce serait vu sur place. L’homme a juste cassé la serrure. Pas très pro… » Sur place, la négociation tournera visiblement à l’aigre. David, lui, vit à Mouvaux. Un samedi soir, toute la famille est coincée à l’extérieur. « Je trouve AMIL sur le Net, se souvient le papa. Ils me chiffrent 2514 € de facture, mais m’assurent que ce sera réglé par l’assurance. » Des empreintes de cartes bancaires sont prises. « Le lendemain, c’était débité, grimace le client. Ça s’est ensuite très mal passé au téléphone. » « J’ai appelé pour une voisine paniquée, à Lambersart, embraye tristement un troisième. Elle avait quelque chose sur le feu. Le type qui est venu a fini par défoncer la porte à coups de pied et la réparation n’est pas à la hauteur. Tarif : 4000 €. »

« Nous expliquons aux gens qu’il est souvent plus rentable de passer une nuit à l’hôtel et de régler ces problèmes sans précipitation. »

« Nous expliquons aux gens qu’il est souvent plus rentable de passer une nuit à l’hôtel et de régler ces problèmes sans précipitation », rappelle Robert Bréhon, de l’UFC-Que Choisir. En 2018, l’association a reçu trois dossiers concernant AMIL, une société désormais quasi impossible à joindre, comme on a pu le constater en tentant de le faire. Le numéro de téléphone sur les factures renvoie à… une résidence services de Dijon. L’adresse postale lilloise est une société de domiciliation (boîte à lettres) dont, selon nos informations, les derniers mois n’ont pas été réglés. AMIL Lille aurait même cessé d’exister en 2018. Quant à une possible maison-mère parisienne, son responsable, originaire de Maubeuge, est tout aussi introuvable. Des réponses en juillet ?

Lakhdar Belaïd   La Voix du Nord