Quand les trames bleues (celles de l’eau) et vertes (celles du végétal) ne font qu’un…
05/07/2021
A la faveur d’une commission environnement retrouvée mais cette fois-ci en extérieur pour cause de contraintes sanitaires, plusieurs membres de la commission environnement UFC QUE CHOISIR Lille et environs se sont retrouvés aux bassins filtrants de Leers, non loin de la frontière Belge...
Alors que la problématique de l’eau (en qualité et en quantité) se pose un peu plus pour les habitants de la MEL (Métropole Lilloise Européenne) même si la prise de conscience est rendue difficile par la météo actuellement pluvieuse en cette année 2021, l’occasion nous a été donnée d’aller visiter les bassins filtrants de Leers (au nombre de huit) dont la réalisation remonte à 2009. Ces derniers constituent un havre de nature (initiative parmi d’autres qui aura permis d’augmenter le nombre de m2 d’espaces verts par habitant de la Métropole Lilloise Européenne ) grâce à la main de l’homme. A quelques encablures, aux confins des communes de Wattrelos, Leers et non loin de la frontière Belge se trouve la station d’épuration TRANSFRONTALIERE du même nom (Wattrelos Grimonpont) inaugurée en 2005 qui traite les eaux usées de 350/400 000 habitants (Roubaix, Wattrelos, Leers, Lannoy, Lys les Lannoy et une partie des communes de Bondues, Croix, Hem, Mouvaux, Neuville en Ferrain, Sailly les Lannoy, Touflers, Tourcoing ,Wasquehal et Mouscron en Belgique). Après traitement (par actions mécaniques, chimiques et naturelles), les eaux sont épurées à hauteur de 75%.L’originalité du site, outre un environnement arboré constitué de peupliers et de trembles réputés également filtrer l’eau, réside dans l’utilisation de la technique du lagunage où les plantes (roseaux en particulier) sont mises à contribution moyennant un séjour (et voyage) d’environ 7 jours entre les points HAUTS et BAS du site construit pour fonctionner par GRAVITE. Au bout de ce cycle, l’eau retrouve un niveau d’épuration proche de 95% avant d’être rejetée dans le canal de Roubaix situé non loin de là.
Le cour d’eau qui traverse plusieurs zones densément peuplées permet de joindre la Deûle à l’Escaut .Trois noms successifs lui sont donnés (Marque urbaine, Canal de Roubaix puis canal de l’Espierre à l’approche de la Belgique).Historiquement, la voie d’eau constituait LE moyen de transport par excellence permettant d’alimenter les villes traversées avec une traction animale voire humaine comme moyen de halage. Changement d’époque en ce 21 éme siècle (heureusement !) et à l’initiative de la MEL, le tourisme fluvial a repris moyennant une prise de rendez-vous afin de faire fonctionner les ponts et écluses.
La qualité de l’eau en fin de recyclage aux bassins filtrants de Grimonpont ne doit pas occulter les pollutions historiques. L’activité industrielle passée sur de nombreux sites (textile, PCUK,…) a laissé des traces invisibles mais lourdes de conséquences pour la santé humaine avec la présence de DIOXINES, PCB et autres métaux lourds dans les vases. Si la vie est de nouveau revenue dans le cour d’eau (avec même un premier signalement de castor en 2019), les poissons ne peuvent pas être consommés pour autant ! De plus, une vigilance renforcée est réalisée sur le site PCUK de Wattrelos où un programme de requalification a été amorcé sur une montagne ... de Chrome (et autres métaux lourds) ! Bref, si l’eau issue des stations d’épurations nous laisse raisonnablement confiant surtout quand plusieurs techniques sont associées (pour les boues d’épuration, nous sommes nettement plus prudents surtout vis-à-vis de certains médicaments et produits chimiques échappant à tous traitements), il ne s’agit pas de mésestimer le poids de l’histoire et de ses nombreux stigmates dormant au fond de l’eau. Sur ce dernier point, la concentration en polluants est telle que les boues et vases extraites sont classées … comme substances dangereuses ! Quand on sait que l’approvisionnement en eau potable de l’agglomération de Courtrai (plus de 280 000 habitants) est assurée par l’eau de surface de l’Escaut (elle-même reliée au canal de l’Espierre), c’est dire l’extrême fragilité des approvisionnements face aux insouciances passées…
Nous tenons à remercier nos deux guides accompagnateurs de l’espace naturel métropolitains* (François et Simon) qui nous ont accompagné et contribué à nous faire ouvrir les yeux sur les bienfaits de la nature pour retrouver un bon état écologique de l’eau.
BC Commission environnement de l’UFC QUE CHOISIR Lille et environs.
* https://enm.lillemetropole.fr/