Total investit dans l’extraction de la rente sur le consommateur !
11/02/2012
Total vient d’annoncer près de 12,3 milliards d’euros de bénéfices pour l’année 2011.
Si dans une économie de marché, la recherche et la réalisation de profits ne sont pas critiquables en soi, les niveaux faramineux atteints dans ce secteur sont une réelle source d’interrogation, d’autant plus dans un contexte où le consommateur est totalement captif.
L’UFC- Que Choisir, qui s’alarme régulièrement de la dépendance au pétrole des ménages, demande aux pouvoirs publics nationaux et européens de se saisir de cette question et d’avancer vers une régulation du secteur.
En effet, le niveau des bénéfices des compagnies pétrolières traduit l’existence de défaillances de marché et souligne la nécessité criante d’une régulation de ce secteur. Cela met en évidence une mainmise des pétroliers sur les prix et les marges de toutes les activités allant de l’extraction à la distribution, au détriment du consommateur.
Le prix moyen a ainsi progressé entre janvier 2009 et janvier 2012 de 40% pour l’essence et 43% pour le gazole. Pire, hors taxe, l’évolution est de 117% sur l’essence et de 87,8% sur la même période !
C’est donc bel et bien la rente privée et non la rente publique qui asphyxie principalement les consommateurs.
Dans le détail, cette rente se répartit de la manière suivante :
· L’activité d’exploration et d’extraction de pétrole (qui représente 83% des bénéfices en2011) a offert à Total, grâce à l’explosion du cours du baril, une rentabilité économique de 20% l’an dernier alors que la norme communément admise sur cette activité est de 15%.
· Les activités de raffinage ont permis à Total, en raison d’un sous- investissement dans le raffinage européen, de doubler ses marges sur le gazole pour atteindre 10 centimes d’euros du litre. Alors que la demande pour ce carburant augmente de manière continue depuis presque 20 ans, sa production, elle, diminue depuis 2008. Cette politique de raréfaction du gazole, aux seules fins d’améliorer la profitabilité, est tout simplement inadmissible.
Bref, les prix pratiqués sont totalement dé corrélés des coûts de production. L’UFC-Que Choisir refuse que ce marché, qui dérape, reste en roue libre, et réclame en conséquence sa régulation.
L’UFC- Que Choisir, demande donc:
- Aux autorités européennes d’entreprendre, conformément à leurs compétences, une régulation de ce marché défaillant ;
- En attendant, aux autorités françaises de mettre en place des dispositifs incitatifs conduisant les pétroliers à investir significativement dans les infrastructures qui permettront de réduire la dépendance des consommateurs au pétrole (transports collectifs et énergies alternatives).
1) L’évolution de la TIPP sur la période n’a que peu de conséquences, puisqu’en gommant les effets de sa variation, l’accroissement est de 40,5% au lieu de 40,7% pour l’essence et de 42,4% au lieu de 43,3% pour le gazole.
2) Cette augmentation asymétrique entre le prix TTC et HT s’explique par des niveaux de taxation qui modèrent l’augmentation.
3) La production de gazole en France a diminué de 21% depuis 2008 alors que la consommation a continué à croître de 3% sur la même période.