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Sécheresse dans le Nord !

08/01/2019

Parfois, la lecture de certains titres incite à la réaction. Celui-ci n’y échappe pas car associer le mot SECHERESSE à celui de notre région nous parait incongru et pourtant…

A moins d’être abonné à la presse écrite qui s’en est fait l’écho, qui peut croire que nous venons de traverser ces deux dernières années (2017 et 2018) des épisodes de sécheresse remarquables et ce alors que la pluie tombe (modestement) ? La période hivernale 2016/2017 n’a pas permis une recharge suffisante des nappes phréatiques et le reste de l’année 2017 s’est soldé par un déficit prononcé jusqu’à l’automne. Malgré les pluies conséquentes au-delà (de novembre 2017 à janvier 2018) la recharge n’a pu se faire suffisamment. L’été 2018 mais également l’automne ont été très secs et les pertes hydriques lors de la canicule (plus courte qu’en 2003 mais spectaculaire voire inédite par son intensité avec, par exemple, près de 37,6° le 27 juillet à Lille !) ont été aggravées par l’évapotranspiration. Les conséquences sont sévères avec des zones très impactées comme l’avesnois (aquifère des calcaires) mais également le Valenciennois, le Cambrésis et le sud de Lille. Certains cours d’eau ont littéralement disparu, des tourbières ont été desséchées et VNF (Voies Navigables de France) a dû fermer des clapets sur certains de ses canaux afin de préserver les niveaux ! Certains forages ont été mis à l’arrêt ou ont dû limiter leurs prélèvements avec pour conséquences immédiates un report des volumes manquants sur d’autres quitte à flirter dangereusement avec les limites autorisées en quantité et en qualité ! Rappelons que plusieurs organismes publics contribuent au suivi des milieux aquatiques. Ce sont : le BRGM (Bureau de Recherches Géologiques et Minières) via un réseau piézométrique, la DREAL (Direction Régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement) via le suivi du débit des cours d’eau et l’AFB (Agence Française pour la Biodiversité) qui observe le fonctionnement des mêmes cours d’eau mais en tête de bassin. A la suite de l’arrêté sécheresse de 2017, la DDTM (Direction Départementale des Territoires et de la Mer) a complété le suivi évoqué ci-dessus par la collecte d’informations régulières issues des principaux producteurs d’eau potable de la région et de VNF (Voies Navigables de France). D’un point de vue strictement géologique, rappelons que la recharge des nappes souterraines s’opère à des degrés plus ou moins rapides. Ainsi, les nappes des calcaires de l’avesnois réagissent vite aux précipitations (moins d’un mois) tandis que celles de la craie sont plus lentes (entre 2 et 3 mois).

La chronologie des arrêtés sécheresse s’est établie en 2018 de la façon suivante :

  • 23 juillet 2018 : arrêté Préfectoral plaçant le Nord en situation de vigilance (1er niveau*)
  • 31 juillet 2018 : arrêté Préfectoral plaçant la moitié sud du département du Nord en situation d’alerte (2èmeniveau*) pour les bassins versants Marque-Deûle, Scarpe Aval, Scarpe amont-Sensée-Escaut et Sambre).

En simultanée ont été informés de cette situation de quasi crise : les maires (par SMS), les industries (avec réduction de consommation de 10% imposée par la DREAL), les agriculteurs avec interdiction d’irrigation de 11h00 à 19h00, les communes avec des dérogations sur les phases de vidange et de remplissage des réservoirs d’eau potable et des piscines municipales, etc.

Bref, vous l’aurez compris, la situation actuelle appelle au maintien des mesures prises si Dame Nature persistait dans la voie actuelle. Du côté des activités humaines, il va falloir trouver et appliquer rapidement des mesures quitte à bousculer certaines habitudes bien ancrées. Est-il concevable par exemple de continuer à favoriser le ruissellement de l’eau donc sa perte (phénomène aggravé par une imperméabilisation à outrance de ces dernières décennies) plutôt que de faciliter son infiltration via une politique d’aménagement d’espaces verts renforcée en ville qui contribuera de plus à lutter efficacement contre les  ILÔTS DE CHALEUR ? Est-il encore possible de voir sur le périmètre agricole de la MEL des opérations de remembrements conduisant un peu plus à la disparition des haies , des mares et des fossés pourtant aux vertus indéniables (maintien de la biodiversité mais également lutte contre l’érosion voire la préservation des milieux aquatiques) ? A l’instar de nos voisins Belges précurseurs en la matière, est-il envisageable d’intégrer dans l’actuelle politique de l’eau l’aide à la récupération de l’eau de pluie chez les particuliers alors que près d’un tiers de notre consommation d’eau potable finie … dans les toilettes ? Quant au monde agricole déjà en proie aux difficultés du marché, il va falloir comme dans le sud de l’Europe envisager d’autres pratiques (semer ou planter des variétés plus résistantes aux variations de températures et de pluviométrie comme en passant du maïs au tournesol) mais également organiser autrement les champs afin de rendre les cultures davantage résilientes. L’agroforesterie (pratique consistant à associer sur une même parcelle les arbres, les plantes basses comme les céréales voire les animaux) fait partie de l’une des stratégies agricoles prometteuses. Quant à nous consommateurs et alors que la consommation d’eau a repris une tendance haussière ces deux dernières années sur le périmètre de la MEL (avec quels motifs ?) et bien que nous soyons modestes dans l’usage de ce précieux liquide (« notre pétrole à tous ! »), chaque geste au quotidien comptera encore un peu plus avec un appel à la vigilance pour chacun. 

Mais cela suffira t’il ? 

BC - Commission environnement UFC QUE CHOISIR Lille 

 

*4 niveaux : situation de vigilance, situation d’alerte, situation d’alerte renforcée et situation de crise induisant à chaque fois des mesures renforcées vis-à-vis des consommateurs.

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