Projet de modernisation de l’Aéroport de Lille-Lesquin (ADL) : ou quand un avion peut en cacher un autre !
14/02/2022
Le 14 février 2022 à compter de 17h00 sera clôturée l’enquête publique (via le recueil de la Commission Nationale du Débat Public – lien internet https://www.registre-numerique.fr/modernisation-aeroport-lille/deposer-son-observation) relative aux travaux de modernisation de l’aéroport de Lille Lesquin.
Précisons que l’ADL est détenu par le Syndicat Mixte des Aéroports de Lille et de Merville (SMALIM) où sont représentées la Région des Hauts de France (60%), la MEL (34%) et la communauté de communes Flandres-Lys (6%).Ces dernières ont fait le choix de la Délégation de Service Publique (DSP) auprès du groupement Eiffage/aéroport de Marseille-Provence intitulé « Lille aéroport SAS ».
Au prétexte de travaux de mises aux normes Européennes , le dossier a introduit (presque) sournoisement des changements substantiels qui dépassent allégrement les impératifs techniques et réglementaires. Il en est ainsi de l’élargissement de la piste (2 X 7,50 mètres), de l’agrandissement de l’actuel aérogare et du taxyway. De plus et face au développement du e-commerce, de nouvelles activités dites de logistiques sont prévues en lisière de l’ADL (par exemple le « Logistic parks » à Seclin avec une surface au plancher de plus de 20 000 m2 !). Sans entrer dans un détail argumentaire fastidieux , il convient de relever que les communes de Lesquin et sa voisine Seclin (pour les nouveaux projets d’entreposage/stockage) figurent parmi les 26 « gardiennes de l’eau » car situées sur l’Aire d’Alimentation de Captage (AAC) qui contribue au GRAND CYCLE DE L’EAU par INFILTRATION de l’eau de pluie permettant d’approvisionner la nappe craie affleurant réalisant entre 30 et 40% de l’approvisionnement en eau potable pour 1,2 MILLION d’habitants résidant dans la 4ème agglomération de France !
Le seul élargissement des accotements de la piste principale (2 X 7,5 mètres sur environ 2 800 mètres de long afin d’accueillir des GROS PORTEURS de catégorie E comme les A350 et Boeing 777 qui comportent des soutes pour le fret !) signifiera l’imperméabilisation de plus 4 hectares alors que l’objectif de la charte des « gardiennes de l’eau » (votée en décembre 2019) par les élus communautaires est de « limiter » (sic !) tout projet d’artificialisation sur l’AAC !!!
Quant aux émissions des réacteurs d’avions (brûlant du kérosène toujours dépourvu de taxe bien que issu du pétrole) , il faudra expliquer aux concitoyens si le projet d’accueillir des gros porteurs est compatible avec les objectifs du Plan Climat Air Energie Territoriale 2021/2026 (PCAET) de la MEL qui affichent une REDUCTION à l’horizon 2030 (l’année de référence étant 1990) des Gaz à Effet de Serre (GES) de 45% et des polluants classés préoccupants comme les Oxydes d’azote (NOx) de 45% , les microparticules (PM10 et PM 2,5) de 42% et le dioxyde de soufre (SO2) de 6%.Tous ces polluants sont générés par la combustion des combustibles fossiles comme le … kérosène !
Nous ne terminerons pas ce communiqué en rappelant que près des deux tiers du trafic aérien de l’ADL sont en concurrence frontale avec le TGV alors que les émissions de GES du RAIL sont 50 (voire 80 fois !) moins polluantes tout comme celles du FRET ferroviaire. Alors que l’actualité du moment fait la part belle au nucléaire civil dans le but de DECARBONER nos activités , on peut résolument demander pourquoi persévérer dans des modes de transports énergivores qui plus est entièrement dépendant du pétrole (encore) pour de longues années malgré les promesses des avionneurs ? Résolument, les annonces contradictoires ont la vie dure !
B.C. Commission Environnement