Pesticides agricoles : Les ventes en forte hausse !
12/01/2020
C’est un échec cuisant. Alors que le plan national Ecophyto 2+ vise « à réduire la dépendance aux produits phytosanitaires », les ventes de pesticides agricoles sont en forte augmentation, +22 % en 2018...
C’est en 2008 que le premier plan Ecophyto a vu le jour pour réduire drastiquement l’usage des pesticides agricoles et, depuis, il se décline au fil des gouvernements successifs. L’objectif fixé est une réduction de leur utilisation de 20 % en 2020 par rapport à 2009, et de 50 % en 2025.
Pourtant, les derniers chiffres présentés lors du Comité d’orientation et de suivi du plan national Ecophyto 2+ le 7 janvier sont catastrophiques et nous éloignent de plus en plus du cap fixé.
Loin d’une réduction, on assiste au contraire à une flambée de l’usage des pesticides agricoles. Sur la seule année 2018, l’indicateur de référence des plans Ecophyto depuis l’origine, le Nodu, pour nombre de doses unités de pesticides utilisés, a même bondi de 24 %. Cette explosion de leur usage fait suite à une hausse plus modérée, mais quasi continue, depuis l’entrée en vigueur du premier plan Ecophyto.
Le gouvernement préfère insister sur les progrès, à savoir une réduction de l’usage des pesticides les plus préoccupants, ceux qui sont cancérogènes, mutagènes ou toxiques pour la reproduction, les retraits d’autorisation de mise sur le marché au-delà des impératifs européens, la chute de l’utilisation des pesticides non agricoles et l’interdiction prévue du glyphosate. Ils sont incontestables mais ne sauraient masquer l’échec indéniable dans le domaine agricole.
Les 200 millions d’euros accordés chaque année à la conversion en agriculture biologique ne sont par exemple qu’une goutte d’eau face aux 9 milliards d’euros versés chaque année au titre de la PAC (politique agricole commune), très majoritairement aux agriculteurs accros aux pesticides. Sans changement radical imposé à l’agriculture intensive et productiviste, l’utilisation massive de pesticides ne peut que perdurer, plans Ecophyto ou pas.
Élisabeth Chesnais - Que Choisir