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Et si l’eau venait à manquer dans notre région d’ici 10 ans ?

17/06/2021

C’est une question qui taraude nombre d’experts (hydrogéologues) depuis quelques années et depuis relayée par une partie du monde politique actuellement en responsabilité y compris chez celles et ceux qui n’ont pas de sensibilité environnementale. C’est un signe que les temps changent. Est-ce la faute au changement climatique dont on parle beaucoup mais sans réelle prise de conscience à ce jour ? Je vous laisse le soin d’y répondre mais voyons ce qu’il en est plus précisément ci-après. 

Depuis quelques années et à chaque rendez-vous donné lors des CCSPL (Commissions Consultatives des Services Publics Locaux) traitant de la problématique EAU  sur le périmètre de la MEL  (www.legifrance.gouv.fr/codes/article_lc/LEGIARTI000037739204/) sonne une sorte de glas marquant la fin d’une époque où l’insouciance régnait vis-à-vis du précieux liquide. C’est désormais au tour du conseil de l’eau de la MEL de s’emparer du sujet car l’heure est grave. Depuis 2016, la première ressource en EAU de la MEL  (46%) constituée par la nappe craie située au sud de la MEL (sous les 26 communes classées « gardiennes de l’eau » où les règles d’urbanismes sont strictement encadrées à la suite de la révision du Plan d’Urbanisme N°2 et ce sous la pression du Préfet et de ses services) ne se reconstitue plus voire PIRE : sa côte normale n’arrive plus à être atteinte en période hivernale faute de RECHARGE suffisante ! Ce que nous appelons « champs captants » sont en réalité une Aire d’Alimentation des Captages (AAC).Plusieurs points de mesures permettent de déterminer en permanence le niveau de la nappe craie. Ainsi, dès ce mois de mai 2021 et malgré une pluviométrie printanière nettement au dessus des moyennes de saison, les premiers signes de baisse ont été enregistrés et la prochaine période estivale va amplifier le phénomène. Il s’agit d’un cycle normal. Là où le bât blesse, c’est la réduction significative de la période dite de « recharge » correspondant aux périodes d’automne et d’hiver. En quelques années, nous sommes passés de 6 à … 3 mois de « recharge ».Les étés commencent de plus en plus tôt et s’achèvent de plus en plus tardivement, entravant le processus évoqué ci-dessus. En parallèle, la pluviométrie s’inscrit dans une tendance baissière puisque l’on enregistre 8% de précipitations en MOINS par an  depuis 2016. Coïncidence ou pas, c’est depuis cette année là  que la capacité de production de la nappe craie a amorcé son DECLIN avec une perte de production de 15%, phénomène heureusement compensé par un renforcement de l’approvisionnement du SMAEL (Syndicat Mixte d’Adduction des Eaux de la Lys) qui représente désormais 36% de total de l’eau consommée. Dit crûment, la MEL et ses 1,2 MILLIONS d’habitants ne doivent leur salut que par l’IMPORTATION d’une partie de l’eau consommée qui est acheminée par AQUEDUC courant sur 45 km depuis la station d’Aire sur la Lys (Pas de Calais) jusqu’à Prémesques (proche banlieue de Lille) ! Si par accident ce lien VITAL venait à être brutalement indisponible (pollution accidentelle, sabotage,...), les réserves en eau de la MEL ne seraient que de 48 heures.

C’est dire l’état d’extrême vulnérabilité de la 4ème agglomération de France…

Outre la diminution de la capacité de production de la nappe, nos comportements changent avec en particulier une hausse de la consommation constatée* depuis quelques années avec respectivement +1,77% pour 2017, +4,01% pour 2018 et +5,08% pour 2019.A ce jour, on a du mal à cerner la/les raison(s) quoique… Faut-il y voir les conséquences du boum des piscines saisonnières (les « boudins ») vendues dans les grandes surfaces en lien avec des étés de plus en plus chauds ? Faut-il y voir l’impact de nos modes de vie avec l’augmentation du nombre de ménages composés d’une personne ? Sur ce dernier sujet et selon les informations qui nous ont été transmises, les personnes SEULES sont celles qui consomment le plus avec 50m3/an (cette donnée demande à être affinée car le vieillissement d’une partie de la population conduit à une baisse de la consommation surtout chez les personnes âgées). Inversement proportionnel, plus la cellule familiale est grande, moins la consommation par habitant est importante (effet volume à l’instar du chauffage). Ainsi  avec 2 personnes, la consommation s’élève à 80m3/an, tandis qu’avec 3 personnes, ce sont 100 m3/an. Toujours selon les informations fournies, les différents postes de consommations sont par ordre décroissants les usages domestiques INDIVIDUELS (56%), COLLECTIFS (23,3%), INDUSTRIELS (12,1%), publics (8,1%) et enfin AGRICOLES (0,3%).Concernant ce dernier chiffre, nous sommes interpellés. Qui n’a jamais vu ces rampes d’aspersion installée en plein champ arrosant certaines cultures (pommes de terre, petits pois, haricots verts, …) sous la chaleur estivale (à midi heure solaire, l’évaporation est MAXIMALE avec une perte proche de 95%) voire … sous la pluie ? Il ne s’agit pas de polémiquer mais les chiffres transmis appellent à la plus grande réserve puisqu’il ne s’agit que de l’eau qui est facturée ! Tel un iceberg, cela revient à penser que l’essentiel de l’irrigation (heureusement pas encore légion sous nos latitudes) est faite par des forages ou des pompages qui biaisent les données et surtout risquant de faire vaciller nos fragiles réserves pendant les périodes les plus critiques.

Dans le GRAND CYCLE de l’eau (celui initié par Dame NATURE), rappelons que les pertes en EAU sont par ordre décroissant l’évapotranspiration (64%), l’infiltration (25%) et le ruissellement (11%).Si pour le premier poste on ne peut pas faire grand chose, il n’en n’est pas de même concernant les deux autres. Depuis plusieurs années, une partie du monde associatif défend d’autres pratiques agricoles en y intégrant la préservation et/ou la restauration des mares/zones humides et des haies, le couvert végétal permanent,...  .Il en est de même concernant la récupération de l’eau de pluie (depuis peu sur le devant de la scène politique après avoir été superbement ignorée tandis que nos voisins Belges incitent leurs concitoyens à la récupérer depuis plusieurs décennies !) et surtout de l’imperméabilisation des sols , véritable OBTACLE à la RECHARGE contribuant plutôt à accélérer le retour de l’eau de pluie … à la mer du Nord (via les cours d’eau comme la Lys qui constitue le principal bassin versant de la MEL) et ce au lieu d’être retenue ! Pour illustrer les enjeux et leurs conséquences, ce sont CHAQUE ANNEE (chiffres de la 2005 à 2015) près de 163 hectares de terres agricoles (ces dernières représentent 46% du territoire métropolitain) qui ont été sacrifiés (par les élus) aux rois béton et bitume soit l’équivalent de deux fois et demie la surface de la citadelle de Lille ! Le « monde d’avant » ne semble pas servir de leçon à ces mêmes élus puisque l’explosion du commerce en ligne (e-commerce) continue de générer une explosion du nombre de hangars de stockage et de conditionnement. Dernier projet en date, un entrepôt géant qui devrait être construit sur les communes d’Illies/Salomé/Marquillies avec la bénédiction des certains élus locaux (siégeant à la MEL) au bénéfice de (supposés) 400 emplois locaux. A terme, ce seront (encore) 96 000 m2 qui seront imperméabilisés sur une surface totale de 23 hectares sachant que certains évoquent plutôt 160 000 m2 car le dossier aurait été saucissonné (hypothèse qui reste à confirmer). Loin de nous d’entrer dans une polémique quelconque mais convenons que des paroles aux actes, il y a parfois de grands écarts difficilement compréhensibles et au risque de compromettre tout pédagogie ultérieure en la matière ! 

Le paradoxe de cette situation est tel que toute hypothèse d’installation d’entreprises fortement consommatrices d’eau (comme celles issues de l’agroalimentaire) est désormais écartée faute … de ressources suffisantes en eau à moyen terme (horizon 10 ans) ! C’est le serpent qui se mord la queue ! L’imperméabilisation va bon train conduisant à terme à une raréfaction croissante du précieux liquide.

Face à un tel contexte, le mode RESILIENCE doit être activé sous peine d’en payer un lourd tribut demain ! Plusieurs pistes sont envisagées parmi lesquelles récupérer les eaux d’exhaure issues des stations d’épuration et des carrières pour des usages non nobles (irrigation par exemple), procéder à la pose de compteurs communicants (TELERELEVE) afin d’obtenir une cartographie fine et permanente des consommations tout en ouvrant la possibilité d’instaurer progressivement une tarification différenciée selon les périodes de l’année, mettre une place une tarification incitative en fonction des volumes consommés, poursuivre la lutte contre les fuites sur le réseau avec l’objectif d’atteindre les 85% de rendement fin 2023 (84,3% en 2019) , situation permise par un taux de remplacement annuel des canalisations de 1% (objectif prévu en 2021) , etc. Ainsi sur la commune de Leers, la TELERELEVE est en cours de déploiement où les plus gros consommateurs ont déjà été équipés. Un panel de 200 familles ont également reçu ce dispositif. Ce dernier ne sera réellement efficace que s’il s’accompagne d’un service apporté aux consommateurs avec des conseils de réduction de consommation à la clef. L’incitation à la récupération de l’eau de pluie reste à déployer aussi bien chez les particuliers (en habitat individuel), les collectivités (propriétaires de nombreuses toitures) voire les entreprises. Les investissements de départ seront significatifs mais les retours sur investissements bénéfiques à plusieurs titres (coûts d’exploitation proches de ZERO, préservation de la ressource par une diminution des prélèvements, effet tampon lors des fortes précipitations, émulation vis-à-vis de la collectivité,…). A l’instar de défit « zéro déchet » initié il y a quelques années par une poignée de ménages (Roubaix) puis étendu à d’autres communes de la MEL, la même opération pourrait être réalisée vis-à-vis de l’eau mais cette fois-ci en associant d’avantage les communes volontaires afin de renforcer l’émulation sur plusieurs niveaux (individus et collectivités)/.

Après le défit « zéro déchet », êtes-vous prêt un autre que l’on pourrait intituler « zer’eau » ?

BC Commission environnement. 

 

*La consommation moyenne journalière d’eau en France par habitant était de 148 litres, chiffre qu’il convient de comparer avec ceux de la MEL toujours en retrait mais pour combien de temps au vu de l’évolution actuellement constatée (2016 : 84 litres/jour, 2017 : 90 litres, 2018 : 88 litres, 2019 : 93 litres) ?

 

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