Comité Départemental de l’Eau (CDE) de mars 2023 : ou comment éviter les mesures d’urgence cet été…
31/03/2023
Les derniers jours (pluvieux) écoulés ne doivent pas occulter l’hiver 2022/2023 qui vient à peine de tirer sa révérence. L’état actuel de nos ressources en eau (souterraines majoritairement) nous oblige à évoquer de façon précoce la situation hydrique de notre région. Le Comité Départemental de l’eau (CDE) constitue ce rendez-vous sous l’égide de la Secrétaire Générale de la Préfecture du Nord. Tous les acteurs de l’eau y sont conviés y compris le collège associatif où l’UFC QUE CHOISIR siège.
Selon les experts de METEO France, l’hiver écoulé dans notre région aura été marqué par une anomalie de température de +1,7° (par rapport aux moyennes saisonnières établies sur la période 1991/2020). Le mois de février 2023 a été classé « remarquable » puisque seules 15% des précipitations habituelles sont tombées avec à la clef une hydrométrie des sols déficitaire de 20 à 30%, situation nous classant dans le 3ème exercice le plus SEC depuis 30 ans. Le constat est sans appel : en ce début de printemps 2023, nous débutons sur un déficit hivernal significatif alors que l’année 2023 aura pulvérisé tous les records en termes de sécheresse et d’intensité de chaleur. Autre acteur incontournable dans la phase d’observation de nos réserves (souterraines) en eau, le Bureau de Recherches Géologiques et Minières (https://www.brgm.fr/fr). Cet établissement public s’appuie sur un réseau de 130 piézomètres répartis sur les départements du Nord et du Pas de Calais. Les producteurs d’eau (VEOLIA, SUEZ, NOREADE et MEL) sont également dotés d’un réseau similaire leur permettant de suivre en temps réel les niveaux des différentes nappes. Grâce à ces réseaux qui se veulent complémentaires, la connaissance de l’état de la ressource est relativement fine et permet de confirmer la tendance du moment (contrastée) à savoir des niveaux classés « hauts » sur la frange littorale tandis qu’à l’intérieur des terres ils sont « bas » (Valenciennois en particulier). Concernant le tour d’horizon des producteurs d’eau, le même contraste est confirmé. Pour NOREADE, le mois d’août risque de présenter des difficultés de fourniture en eau car la recharge hivernale a été insuffisante. Du côté de la MEL, la gestion dynamique est systématiquement pratiquée (quand le débit de la Lys est suffisant), opportunité permettant de soulager d’autant les prélèvements dans la nappe craie dont le niveau baisse inexorablement. Pour le Syndicat Mixte d’Adduction des Eaux de la Lys (SMAEL), si la recharge hivernale a bien débuté, la sécheresse des mois de janvier et de février a fait s’effondrer la production. Pour SUEZ, en cas de canicule précoce, le risque de crise est certain concernant le secteur du Valenciennois tandis que celui de Maubeuge est moins exposé (pour l’instant).Quant à l’opérateur VEOLIA, les réserves du Douaisis se trouvent dans la « moyenne » tandis que ceux du Cambrésis sont « faibles mais pas alarmants ». Concernant les cours d’eau de surface et selon les observations menées par la Direction Régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement (DREAL), les niveaux sont « bas ». Au final, la situation hydrologique est hétérogène, marquée par un déficit hydrique à l’intérieur des terres. La synthèse des éléments recueillis auprès des différents acteurs institutionnels devrait signifier, APRES LES EVENEMENTS PLUVIEUX ACTUELS (histoire de ne pas nuire à la bonne compréhension du grand public), le retour d’un nouvel arrêté sécheresse (1er niveau à savoir celui de la « vigilance ») pour les départements du Nord, de Pas de calais et de l’Aisne histoire de sensibiliser tous les consommateurs d’eau à la nécessaire SOBRIETE (à l’instar de l’énergie).
Désormais, EAU et ENERGIE ont pour point commun le mot RARETE. Cette situation (impensable il y a encore quelques années) impose désormais A CHACUN la nécessaire prise de conscience au quotidien. Un prochain CDE se tiendra lors de la première quinzaine d’avril. N’oublions pas que l’éveil de la Nature au printemps renforce les besoins de la végétation. Même s’il pleut abondamment ce printemps et outre les effets du ruissèlement et de l’évaporation (2/3 des pertes), il ne faudra pas compter sur une infiltration suffisante (1/3 au mieux selon la saison …). Il va donc falloir apprendre à compter ses m3 d’eau tout comme on peut le faire concernant l’électricité, le gaz, le fuel, etc.
F.V-R et B.C pour l’association UFC QUE CHOISIR Lille et environs.