netiko : créateur du site de petites annonces gratuites veux-veux-pas.fr

nos actionsenvironnement

Foret.jpg

Une Amazonie au bout de notre département ?

15/04/2018

La forêt domaniale de Mormal constitue, avec ses 9100 hectares, le plus grand massif forestier des départements du Nord et du Pas-de-Calais. Alors que le taux de boisement du département du Nord est l'un des plus faibles de France, c'est le plus grand massif au nord de Paris après ceux de Compiègne et de Retz Villers-Cotterêt...

Excentrée des pôles urbains, la forêt de Mormal s'inscrit dans un grand paysage composé essentiellement de pâtures, bocages et vergers spécifiques de l'Avesnois et plus particulièrement du « Pays de Mormal » au sein du Parc naturel de l'Avesnois.

Parcourant cette forêt depuis bientôt quarante ans, je m'étonnais depuis quelques années avec d'autres randonneurs de la multiplications des coupes dans d'innombrables parcelles. Je faisais alors confiance à une administration qui clamait : « l'Office Nationale des Forêts veille en forêt de Mormal à marier avec équilibre trois fonctions essentielles : la production de bois, la protection de la biodiversité et l'accueil du public ». Ceci correspond en effet aux 3 missions de l'ONF.

Or en 2017 j'ai eu connaissance d'une jeune association d'usagers de la forêt, basée en mairie de Locquignol au sein de la forêt, et qui s'oppose notamment à « toutes menaces et exploitations abusives des ressources naturelles de cette forêt ». Cette association loi 1901 a effectué un méticuleux travail de recherche sur des données publiques de la production bois, en comparant le volume prévu au Plan d'aménagement forestier de Mormal 2014-2033 versus Catalogue de vente de bois (dans les deux cas c'est l'ONF qui est le décideur). Mes craintes se trouvaient confirmées.

L'association a relevé pour les années 2014 à 2016 un excès de prélèvement de plus de 40% en moyenne sur ces 3 ans. Cette surexploitation sur 3 ans correspondrait à environ 1 an de production normale de bois de cette forêt (chiffrée en moyenne à 5,7 m3/ha/an par l'ONF, soit une production attendue d'environ 53000 m3 de bois) ! L'association chiffre ce volume de surplus sur 3 ans par le chargement de 1400 semi-remorques...Des agents forestiers qui ont la pratique du métier sur le terrain sont également excédés par ces nouvelles méthodes de gestion dans le temps court qui, par une logique de rentabilité, aboutiront à des ravages.

C'est une spoliation aux dépens d'une gestion durable de la richesse forestière !

Cette situation s’aggrave depuis, malgré divers recours entrepris par cette association ; le Ministère de l'agriculture et de l'alimentation transfère t'il aux fonctionnaires de l'ONF une responsabilité politique qu'il n'assume pas ? Ce Ministère vient, en novembre 2017, de publier un « plan de communication pour le secteur de la forêt et du bois » ; de fameux éléments de langage pour « ...l'acceptabilité sociétale des coupes d'arbres et des travaux forestiers » y dénoncent une « campagne virale » par « des ONG hostiles » et stigmatise « différentes références scientifiques sur le sujet ». L'autre tutelle ministérielle, la transition écologique et solidaire, reste à ce jour apparemment sans voix sur ce problème.

Or l'avenir de la filière-bois ne peut être dissocié des fonctionnalités et de la vie de la forêt. Et en forêt de Mormal le déséquilibre est manifeste. Nouveau sujet de préoccupation : deux des routes forestières dont l'entretien incombe pourtant à l'ONF sont en projet d'être fermées à la circulation parce que détériorées et sans financement pour les réparer. Les collectivités locales seraient invitées à prendre le relais : les bénéfices (bois, chasse) à l'ONF et l'entretien des routes aux contribuables de la communauté de communes ! Les propos du Directeur territorial de l'ONF parus dans la presse font état d'y « mettre en place des voies de circulation douce » ?!

Là aussi, s'agit il d'un premier petit pas de l’État qui, en tant que propriétaire, envisage de se dessaisir d'un bien d'intérêt général ?

JP Pichard , Gommegnies le13 avril 2018

revenir à la page "environnement"