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2020 : Un printemps silencieux...

12/04/2020

Sciemment, le titre de cet article (Un printemps silencieux*) s’inspire de celui d’un livre vendu à plusieurs millions d’exemplaires à travers le monde et restant à ce jour comme une référence. Sa parution ne date pas d’hier puisque remontant à l’automne 1962 sous la plume d’une biologiste dénommée Rachel Carson. Ce fut le point de départ de mouvements en faveur de l’environnement mais également la dénonciation de nombreux pesticides comme le DDT...

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Ce dernier, produit organochloré, a été mis au point lors de la seconde moitié du 19ème siècle. Ses vertus insecticides (indéniables) furent découvertes en 1930 avec une utilisation massive dès la seconde guerre mondiale afin de lutter contre certains insectes vecteurs de maladies comme le paludisme, la peste bubonique, etc. La portée du livre et l’engagement de son auteure contribuèrent à l’interdiction du DDT aux USA (en 1972) et ailleurs. On découvrit en effet qu’il s’agissait d’un polluant Organique Persistant (POP) comme bien d’autres pesticides dont les traces sont encore présentes un peu partout sur la planète y compris dans la graisse de certains prédateurs en arctique et ce malgré plusieurs décennies d’interdiction.

Paradoxalement, en ce printemps 2020, nous devons le silence retrouvé non pas à une quelconque pollution accidentelle (nous y reviendrons dans quelques lignes) mais à une baisse considérable des activités humaines dont celles liées aux transports (routier et aérien) dont chacun connaît la raison : le confinement imposé par la pandémie au COVID-19.

En attendant, certaines initiatives tendant à améliorer notre environnement semblent passer au second plan pour cause de COVID-19 ! En témoigne l’arrêté « pesticides » du 7 décembre 2019 (1) imposant aux agriculteurs lors des pulvérisations de produits sanitaires une distance minimale dénommée Zone de Non Traitements (ZNT) de 5 et 10 mètres (respectivement pour les cultures basses et hautes).Ainsi, près de 25 préfets (dont ceux de la région Bretagne) viennent de décider par arrêté préfectoral (valable jusqu’au 30 juin 2020) la réduction des distances à respecter déjà bien maigres ! Ces dernières étaient tellement minimalistes qu’elles font toujours débat pour les nombreuses associations et organismes de santé ! Les familles confinées et leurs jeunes enfants habitant à proximité des champs traités apprécieront en ce printemps silencieux cette forme de déni  d’un principe de précaution pourtant adossé à la constitution...  ! Vous avez dit lobby ?

Toujours au chapitre de l’usage des pesticides, une « charte de bon voisinage » a été signée à l’échelle des départements. Sur notre région des Hauts de France, ce sont l’Aisne, la Somme, l’Oise et le Nord qui ont fait le pas. A ce jour, seul manque à l’appel celui du Pas-de-Calais. La Loi « Egalim » (2) du 30 octobre 2018 a imposé l’élaboration de ces chartes signées par les utilisateurs de produits phytosanitaires en partenariat avec les départements et sous l’égide des préfets. Précisons que l’UFC QUE CHOISIR ne signe JAMAIS de charte car elle n’engage que modestement ses auteurs avec des résultats très en deçà. D’ailleurs, la volte-face récente des préfets en certains départements (sous la pression de certains syndicats agricoles productivistes et la bénédiction de l’Etat grand organisateur de grenelles et de conférences…) donne malheureusement raison à notre association ! Pour la mémoire de chacun (car les exemples abondent), les chartes n’engagent à rien ! A minima, des objectifs de réduction des quantités et/ou de la toxicité des molécules utilisées auraient dû (de nouveau) être fixés surtout au vu des résultats allant à rebours des (beaux) discours avec la poursuite de la hausse de la consommation des produits chimiques ! Pourtant, est-il besoin de rappeler le plan ECOPHYTO élaboré en 2008 par...  le Ministère de l’agriculture à la suite du dernier Grenelle de l’environnement avec un objectif de - 50% à l’horizon 2025 ? Aurions-nous mal lu , bercés par quelques espoirs… ?

Concernant les autres polluants atmosphériques, la situation en ces temps de confinement révèle des aspects contrastés. Certes les oxydes d’azote d’origine routière sont en baisse notable avec pour corollaire des niveaux d’ozone également en diminution (3). Néanmoins, d’autres polluants semblent passer outre l’actuelle situation (inédite).On peut se demander le réel impacte de certaines activités fortement émettrices en substances classées préoccupantes ? Outre le rôle des vents continentaux susceptibles de nous amener des nuages de particules du Benelux (majoritairement d’Allemagne et des Pays-Bas) on retrouve l’industrie lourde (essentiellement implantée sur le littoral), le chauffage bois non performant (situation qui devrait signifier dans notre région un plan d’action similaire à celui mené dans la vallée de l’Arve au pied du Mont-Blanc avec l’interdiction des foyers ouverts) et...  l’agriculture intensive (épandage de lisiers, de nitrate d’ammonium,…). Face à l’actuelle pandémie et selon les propos d’un pneumologue récemment interviewé, « la pollution a des effets pro-inflammatoires et les particules fines peuvent non seulement véhiculer des métaux lourds, des pollens mais aussi sans doute des virus et donc altérer les défenses immunitaires et respiratoires des personnes exposées… ».Cette affirmation est d’ailleurs corroborée par plusieurs études internationales (Université de Harvard aux USA (4), Universités de Bologne et de Bari en Italie (5), etc.) Des experts parlent même d’autoroutes des maladies respiratoires ! Ces études tendent à démontrer que la mortalité liée au COVID-19 augmente de 15% à chaque point supplémentaire d’exposition aux microparticules PM 2,5 ! Bref, vous l’aurez compris et indépendamment de l’origine des zoonoses (pathologies transmises par l’animal à l’homme), nos modes de vie sont de puissants facteurs aggravants pour dégrader notre santé tels des « terreaux à maladies » ! 

S’il devait y avoir un « avant » et un « après », la dimension environnement devrait être prise à sa juste valeur en devenant incontournable dans nos choix individuels et collectifs. Y sommes-nous prêts ou redeviendrons-nous rapidement insouciants (jusqu’à la prochaine fois) sous la pression des lobbies en tous genres ? 

BC – commission environnement.

  Icon maquette de la charte de "bon voisinage" (1,6 MB)

*Du titre « Printemps silencieux » par Rachel Carson aux Editions Wildproject/Domaine sauvage.

https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000039686039&categorieLien=id

Loi Egalim dite d’Equilibre des relations commerciales dans le secteur agricole et alimentaire et d’une alimentation saine, durable et accessible.

https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000037547946&categorieLien=id

Association ATMO - HdeF

https://www.atmo-hdf.fr/joomlatools-files/docman-files/Rapport_et_synthese_etudes/2020/QA&confinement_synthese100420_V0.pdf

https://www.medrxiv.org/content/10.1101/2020.04.05.20054502v1

Universités de Bologne et de Bari

https://www.actu-environnement.com/media/pdf/news-35178-covid-19.pdf

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