Il faut défendre la gestion de la forêt en futaie irrégulière. 

Une futaie irrégulière se caractérise par « un peuplement d'arbres présentant tous les stades d'évolution. Cette gestion offre une production constante liée à la présence d'arbres de tous âges. Elle garantit la conservation de la biodiversité locale , la protection des sols, la régulation climatique, l'accueil du public ». La forêt domaniale de Mormal (9100 hectares) comprend également les zones Natura 2000 (préservation de la diversité biologique dans 820 hectares ainsi  qu'un linéaire d'une trentaine de km de ruisseaux).  

Or un message productiviste considère la forêt comme un gisement à exploiter grâce à des méthodes industrielles. Les promeneurs, au cœur de la forêt domaniale de Mormal, sont atterrés depuis quelques années par la vision d’amoncellements, sur le bord des chemins, de volumes  de fûts de chênes et de hêtres jamais constatés jusqu'alors,!  En plus des coupes rases, il faut ajouter  les techniques d'implantation de cloisonnements d'exploitation. L'ONF nous vante cette méthode pour protéger le tassement des sols alors que c'est uniquement pour faciliter le passage d'engins d'exploitation de plus en plus imposants. Ces cloisonnements sont d'une largeur de 4 à 6 mètres de voies rectilignes disposées en arête de poisons, avec un entraxe de 15 à 18 mètres. Ils  feront perdre ainsi plus de 20% de surface boisée et tout aspect de futée irrégulière.

Une  associations environnementale locale a ainsi comparé le volume de prélèvement prévu par l'arrêté du plan d'aménagement forestier 2014-2033 et ce qui a été indiqué sur le catalogue de vente. : la surexploitation atteint 40% ! Le Directeur régional de l'ONF maintient que, fonctionnaire, il respecte les orientations des ministères dont il dépend mais refuse de communiquer sur le volume de bois vendu. Ceci  alors que l'ONF est un établissement public et que la commission d'accès aux documents administratifs (CADA) a rendu un avis favorable à la communication de ces documents ! L'affaire est donc entre les mains de la Justice mais devient une affaire politique car le problème intéresse de nombreux massifs forestiers.  

Madame la députée de la circonscription comprenant Mormal trouve la situation inquiétante et s'implique beaucoup dans cette problématique. C'est ainsi qu'après diverses rencontres  depuis 2018 elle vient de poser une question écrite le 8 octobre 2019 au gouvernement demandant, l'interdiction des coupes rases (comme cela existe dans les massifs entourant de grandes métropoles !), l'opportunité d'envisager une technique de coupe en futaie irrégulière, un audit forestier indépendant afin de s'assurer qu'il n'y a pas de surexploitation, et le respect de la multifonctionnalité (économique, sociale et environnementale) de cette forêt domaniale. 

L'association locale 1901 dont le siège est en mairie de Locquignol, au centre du massif,constatant une surexploitation et la dissimulation du volume de bois vendu, intente un procès à l'ONF.

Une commission d'enquête citoyenne avec notamment des parlementaires travaille également sur « forêts, biens communs ». 

En effet depuis quelques décennies le modèle actuel de gestion des forêts rime avec industrialisation massive au détriment de la biodiversité et de l'accueil du public. L'écosystème inféodé à chaque espèce d'arbre dans l'atmosphère  et le sol se trouve anéanti par un déboisement qui bafoue la « règle d'or »et qui est remplacé par une monoculture .

Comment l'ONF peut encore parler de gestion durable ?

Madame la députée vient d'être chargée par le gouvernement de définir un « plan sur l'avenir des forêts françaises » ; conclusions dans six mois ! 

Mais pendant ce temps la forêt « brûle », un écosystème complexe protégeant des aléas climatiques disparaît, et l'ONF « communique ». Quel est le choix de la classe politique ?