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GEMAPI*: Une loi peut-elle nous sauver du déluge qui s’abat du ciel ?

10/06/2018

Vous avez entendu parler ces derniers jours des phénomènes pluvieux/orageux qui s’abattent (de plus en plus fréquemment) sur de nombreuses régions. Les dégâts sont importants et les habitants découragés car impuissants face aux flots de boue et d’eau qui souillent voire détruisent tout sur leur passage. Pour couronner le tout, les compagnies d’assurances rechignent de plus en plus à procéder aux indemnisations avec dans tous les cas des procédures longues et fastidieuses.  Pourtant, ces aides sont absolument indispensables pour panser les plaies qui sont souvent longues à cicatriser. Parfois, dans les zones où l’intensité des phénomènes s’accroit, il n’y a pas d’autres solutions... que de partir... 

 

Je ne m’attarderai pas sur le pourquoi de ces habitations dans des zones à risque. Certaines l’ont toujours été comme à la Faute-Sur-Mer en Vendée  où la mémoire collective avait quasiment disparu jusqu’à ce jour de février 2010 où la tempête CYNTHIA renforcée par un fort coefficient de marée a rendu cette commune désormais tristement célèbre avec 29 morts recensés sur cette seule commune ! D’autres sont désormais classées à risque mais par notre faute ! En cause : l’imperméabilisation des sols à outrance, des cours d’eau détournés ou confinés, des mares temporaires voire permanentes comblées, des lits de rivières ou de ruisseau réduits à leur plus simple expression, des fossés non entretenus, etc.

C’est ce dernier aspect qui nous intéressera face à une Loi récente qui est entrée en application le 1er janvier 2018  dénommée *GEstion des Milieux Aquatiques et Prévention des Inondations (GEMAPI) à la suite de la modification des Lois de décentralisation de 2014 et de 2015 dont la plus récente est communément appelée « NOTRe » (Nouvelle Organisation Territoriale de la République). La montée en compétence d’une structure unique appelée Etablissement Public de Coopération Intercommunal (EPCI) se fera d’ici le 31 décembre 2019 avec pleines compétences au 1er janvier 2020.Le millefeuille administratif qui œuvrait jusqu’à ce jour (régions, départements, intercommunalités et communes) dans la lutte contre les inondations et les sujets en rapport avec l’eau aura vécu. Les EPCI interviendront sur de nouvelles échelles. Les synergies entre les services seront renforcées. Les particularités des territoires seront traitées spécifiquement avec une action renforcée sur le cadre de vie. Deux niveaux de gouvernance seront établis .L’un aura pour mission d’avoir une approche GLOBALE (qui portera le nom de comité de PILOTAGE) tandis que le second sera davantage centré sur les TERRITOIRES (avec des contours calqués sur ceux des comités de bassin).A l’échelle de la Métropole Européenne Lilloise (MEL), ce sont 5 comités qui seront mis en place sachant que si une commune réside sur deux bassins versants, celle-ci aura à siéger sur les deux comités concernés. Siégeront les élus locaux, les agriculteurs et les citoyens (riverains et membres d’associations de protection de l’environnement).

N’oublions pas que le principal phénomène naturel qui menace la 4ème agglomération Française (la MEL avec 1,2 MILLIONS d’habitants) s’appelle… le risque inondation ! Paradoxalement, l’existence d’une ceinture agricole dense autour de notre agglomération constitue un atout qu’il nous faut PRESERVER voire AMELIORER !

D’ailleurs, l’histoire nous rappelle que la ville de Lille trouve ses origines en vieux Français avec le mot L’Isle (île) tandis qu’en Flamand Français c’est l’expression Rysel (en Néerlandais Risel).Dans tous les cas, les racines de cette grande ville remontent à l’époque où les marécages de la vallée de la Deûle régnaient en maître. Depuis le 7eme siècle, tout cela a bien changé mais … l’eau « veille » sur nous ou plutôt EN DESSOUS DE NOUS en se rappelant à notre bon souvenir lors de phénomènes pluvieux dont l’intensité tend à se renforcer. Sur ce dernier point, les experts du Groupement d’experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat (GIEC) sont unanimes à le dire : avec l’augmentation des émissions de Gaz à Effet de Serre (GAES) nous nous orientons inexorablement vers un renforcement des épisodes soit caniculaires soit pluvieux (quel programme !). 

Depuis quelques années et à la suite d’inondations spectaculaires, le budget général de la MEL (par vos impôts locaux) a pris à sa charge des travaux titanesques. Il s’agissait de construire des réservoirs géants capables de contenir (temporairement) les millions de m3 qui se déversent en quelques heures ou jours sur des parcelles massivement enrobées de bitume et de béton. Outre la nécessité de ne pas saturer les stations d’épuration (sinon le risque est grand de rendre impropre la consommation de l’eau du robinet car les débordements sont possibles), il convient d’éviter ou de limiter les prochains phénomènes extrêmes. Nous sommes face à un constat accablant : ces dernières décennies, nous avons laissé imperméabiliser des surfaces immenses sans permettre à l’eau de s’infiltrer suffisamment sur place !!! Ces comités de bassin devront être l’occasion de laisser s’exprimer les souhaits et les besoins des uns sans opposer les intérêts des autres mais avec l’impérieuse nécessité de préserver l’intérêt général. Une certitude néanmoins : il faudra massivement « déconstruire » certains parkings qui n’offrent pas l’intérêt d’être DRAINANTS (hypermarchés, supermarchés, cinémas,…) quitte à les remplacer par des structures laissant l’eau d’avantage s’infiltrer. Il nous faudra également augmenter le nombre d’espaces verts en ville capables d’absorber de grandes quantités d’eau, initiative permettant simultanément d’améliorer la qualité de l’air, de stoker du carbone et de lutter contre le phénomène dit « îlots de chaleur » rencontré lors des canicules. Les Pays-Bas ne s’y sont pas trompés en donnant la  priorité à d’avantage de végétation en ville (y compris sur les toitures, les parkings, …).

Quant au secteur agricole, celui-ci constituera l’un des acteurs incontournables face aux enjeux qui sont devant nous. Il faudra lui reconnaître une utilité sociale souvent oubliée par la société mais aussi inciter une partie des agriculteurs (avec l’aide des associations et communes) à redécouvrir l’intérêt de planter des haies, de préserver les mares temporaires et permanentes (rôle tampon), de couvrir les sols en périodes hivernales (limitant ainsi l’érosion hydraulique tout en préservant la structure des terres), etc. Quant aux citoyens que nous sommes, nous avons également TOUS UN RÔLE. Cessons de goudronner les entrées des maisons, donnons d’avantage de diversité à nos carrés verts par la présence d’arbres et d’arbustes issus de variétés locales. Nous sommes condamnés à innover. La facture pourrait  être lourde non pas par les investissements à réaliser mais par l’inertie qui nous pourrait nous gagner. Néanmoins, cet effort d’adaptation devra s’accompagner de nouvelles ressources financières. Ainsi la Loi GEMAPI permet l’instauration d’une nouvelle taxe qui pourrait atteindre 40 Euros/an/habitant, perception qui serait assurée par le biais de la facture d’eau. (Certaines reprennent déjà la mention mais sans montant en face).

A ce jour et selon les politiques en responsabilité à la tête de la MEL rien n’est décidé d’ici 2020 mais après...? Paradoxalement, les moyens financiers des agences de bassin (elles sont cinq au national) sont littéralement PILLES par… l’Etat ! Près de 20% du budget de celles-ci sont désormais prélevés par un Etat Jacobin aux abois à des fins autres… que l’eau ! Dans le même temps, les investissements pour entretenir les réseaux d’eau potables et d’assainissement sont colossaux alors qu’il faut de plus veiller à gommer les inévitables inégalités entre les zones urbaines et rurales (principe de solidarité). Rappelons qu’une directive cadre Européenne oblige à atteindre le bon état écologique de l’eau à l’horizon… 2015 (trop tard !) pour les 7 bassins métropolitains. Cette échéance a été repoussée à 2021 mais les eaux de surface et souterraines mais également celles situées dans les estuaires et les zones côtières devront voir leur état s’améliorer sous peine… de sanctions (financières) à l’encontre de l’Etat Français ! Bref, ce dernier se veut tout sauf stratège alors que la gestion de l’eau doit s’inscrire dans la durée !

BC pour la commission environnement UFC QUE CHOISIR Lille.   

*GEMAPI: Gestion des milieux aquatiques et prévention des inondations
https://www.ecologique-solidaire.gouv.fr/gestion-des-milieux-aquatiques-et-prevention-des-inondations-gemapi  

 

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